Panzerkardinal ?

Publié le par RabbA

À Londres, pour 1,10 Livres, vous pouvez acheter Le Monde. Avec l’élection du nouveau pape, Benoît XVI, j’ai couru dans une boutique "kiventou" pour saisir cet instant historique, les articles ne manquent pas, surtout un. La première page, un petit papier de Jean-Jacques Bozonnet prend le pouls de la foule stationnée à l’angle de Borgo Pio et de la rue Porta Angelica, à Rome, après l’apparition de Ratzinger au balcon de la place St-Pierre. Les opinions vont bon train, l’article suit un cours logique, très imagé et fort bien écrit. Arrive le dernier paragraphe que je me permets de citer car il détient une vérité horrible que l’église catholique a du mal à reconnaître : "Bientôt 21 heures. La place Saint-Pierre continue de se vider. A contre-courant du flux, un inconnu se tient immobile, silencieux, le visage fermé, les yeux dans le vide. Sur une pancarte, cet Américain a collé une grande photo de lui quand il avait une dizaine d’années. Il a écrit son prénom, Bill. Et ce commentaire : "Abusé sexuellement par un prêtre, 1965-1967". La foule s’éloigne, sans bruit, dans une semi-obscurité."

Bravo pour ce papier et toutes mes félicitations pour avoir osé le terminer par un rappel à notre réalité et aux crimes perpétrés par certains prêtres en toute impunité. Mr Bozonnet, vous avez écris ce que beaucoup n’auraient même pas osé penser. Autrement, l’article d’Henri Tincq, intitulé Josef Ratzinger le gardien de la doctrine, dresse le portrait du nouveau pape conservateur. En 1977, il est nommé archevêque de Munich et de Freysing et l’on apprend qu’en 1978, Jean-Paul II insiste pour qu’il devienne préfet pour la Congrégation de la doctrine de la foi (ancêtre de l’Inquisition), une fonction à la Curie romaine, consistant à surveiller le travail des théologiens, la discipline du clergé, des instituts de formation et des ordres religieux. Très vite, le théologien allemand critique la catéchèse et la pédagogie française (1983), la franc-maçonnerie et les homosexuels (1985), "il réduit à un silence pénitentiel d’un an le théologien brésilien Leonardo Boff" et publie en 1987 Donum vitae, une instruction où il interdit toute forme de procréation médicalement assistée. Pire, le 5 septembre 2000, il explique dans un document intitulé Dominus Jesus que les églises protestantes ne sont pour lui que des "communautés ecclésiales" car elles ne croient pas en Jesus-Christ et sa foi. Henri Tincq nous rappelle qu’il a sanctionné en mai 2003 un prêtre qui avait distribué la communion à des protestants lors d’un rassemblement chrétien. Il a une sainte horreur du modernisme de l’église, a été traumatisé par les "actions nihilistes" des manifestants de mai 68 et, bien sur, s’oppose, par la loi de Dieu, la tradition et le dogme, à tout remariage pour des divorcés et à l’ordination des femmes.  Merci Henri, merci Le Monde pour toutes ces informations claires. Personnellement, je reste effrayé par ces propos d’un autre âge, qu’on les tienne au Moyen-Âge passe encore, mais en 2005, à l’heure où de plus en plus d’Etats dépénalisent l’homosexualité (voir donnent des droits égalitaires, mariage, adoption…), à l’heure où le préservatif reste le seul moyen efficace de lutter contre le HIV, où les femmes commencent à s’extirper de la domination masculine dans certains pays, le conclave a élu à la tête de millions de croyants un pape, certes érudit, mais au combien rigide et rétrograde. Le Vatican continue l’objectif de Jean-Paul II : la fuite des catholiques vers d’autres religions plus souples et plus compréhensives. Je ne suis pas croyant (pas baptisé, rien du tout !), je vois d’un œil externe toute cette hypocrisie et cette prétendue morale qui a fait un nombre de morts incalculables en 20 siècles : femmes au bûcher lors de l’inquisition, condamnations à mort diverses, évangélisation forcée des populations colonisées,  discrétion sur l’esclavage, ils pensaient respecter le peuple, ils répandaient la terreur et la culpabilité. Voilà l’héritage chrétien qui pèse encore sur nos épaules en Europe, voilà cette générosité à deux vitesses, compréhensive pour ceux qui sont dans "leur" droit chemin, absente pour les "déviants", les avortées, les chercheurs et les réformistes.

Je ne connais personne qui va à la messe tous les dimanche, aucun ami qui se dit croyant par éducation ne prie et ne se confesse,  tous les catholiques de mon entourage ont tourné le dos à leur religion sans pour autant ne plus croire en Dieu. Ils ont bannit de leur quotidien l’institution elle-même, cette intransigeante assemblée monarchiste de frustrés persuadés que la vérité est dans leur parole et que la loi divine est dans leur morale. Ils ont oublié ces fanatiques...

RabbA

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E
bravo vraiment tres bien!domage que notre amitié soit taché,sinon vraiment splendide feuille de chou!
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