3ème jour au Liban

Publié le par RabbA

Vendredi 09 décembre 2005

Vers 10h du matin, le soleil s’est laissé dépasser par les nuages menaçants et les averses continues. Sur la route de Faraya, je me remets de ma nuit à l’OM. Je ne savais pas qu’un whisky coca ici équivaut à cinq à Londres, les bruits de la circulation résonnent dans ma pauvre tête qui suit les virages, accélérations et freinages de la Mercedez d’Hassan. Il est écrit dans tous les guides qu’il ne faut pas quitter le Liban sans avoir visité les grottes de Jeita (www.jeitagrotto.com). D’habitude, en hiver, la montée des eaux oblige les autorités à fermer l’accès au public, mais cette année, plus chaude que d’habitude, les portes sont restées ouvertes. Une demi-heure plus tard, la découverte des lieux désenfume mon cerveau. Après un téléphérique qui nous emmène en haut de la montagne, nous parcourons 700 mètres da la galerie supérieure où les stalactites et les stalagmites par milliers semblent figés dans postures forçant notre admiration. Certaines stalactites (partant de la voûte vers le sol) atteignent plus de 7 mètres de longueur, une incroyable cathédrale d’œuvres naturelles s’offre aux visiteurs. L’ensemble est immense, magnifique, envoûtant, en se penchant du haut de la passerelle, je réalise la hauteur à laquelle nous sommes, une centaine de mètres facile. Un petit train nous attend en sortant et c’est au tour de la galerie inférieure, au pied de la montagne, de nous dévoiler ses trésors de calcaires, ce coup ci, dans des barques d’une dizaine de places. Pour préserver le site, tout type d’appareil photo est malheureusement interdit. Plus loin, à 46 kilomètres exactement de Beyrouth, se trouve la station de ski de Faraya, très prisée et confirmant le dicton touristique à propos du Liban estival : "Skiez le matin et nagez l’après-midi."

Nous reprenons la route de Beyrouth pour récupérer un ami d’Hassan, Roger, libanais en vacances et professeur de danse classique à Paris. Assez grand et fin, sa diction, professorale et drôle à la fois, accompagnée d’une légère exubérance, promet une visite de Byblos haute en couleur. Je ne suis pas déçu. À 37 km de la capitale en longeant la côte vers le Nord, la ville de Byblos, autrement nommée Jbeil, nous accueille bras ouverts. Il est déjà 18h00, le soleil décline. Nous nous dirigeons tout de suite vers la vieille ville, piétonne, en commençant par une promenade sur le petit port situé dans une crique naturelle et protégé par deux tours, dont l’une subsiste encore. Difficile de décrire l’atmosphère de cet endroit magique et historique. Face aux bateaux de pêcheurs garés dans la mer méditerranée, les petites guirlandes jaunes des terrasses des restaurants et bars éclairent l’allée courbée du port. Sur la gauche, le chemin en béton aménagé pour les promeneurs, irrite Roger. "Regarde moi ça !", me dit-il. "Le gouvernement aurait très bien pu laisser le chemin en l’état. Il va falloir que je revienne m’auto proclamer ministre du Patrimoine !" Nous rions mais il n’a peut-être pas tort, car toute l’architecture du sol au plafond de la vieille ville de Byblos est identique, les magnifiques bâtisses sont construites de pierres rectangulaires de couleur ocre. Mais le plus surprenant reste à venir. Au loin, on peut apercevoir le château des Croisés, posé au cœur de la partie antique de Jbeil. La petite rue menant au site est remplie d’arbres fleuris dépassant de hauteur les murs des propriétés. L’odeur serait presque enivrante, malheureusement, l’entrée menant à la partie ancienne de la ville est fermée d’un haut portail digne des vieilles demeures seigneuriales. Dommage, nous pouvons juste entrapercevoir cette parcelle de terre gardant les nombreux passages de civilisations aujourd’hui disparues. Donnant sur la mer, des huttes néolithiques (5000 ans avant Jésus Christ), des logis chalcolithique et une maison datant du Bronze ancien, à savoir 2900 – 2300 avant JC. Durant cette période, l’écriture apparaît, en raison des importants échanges commerciaux avec l’Egypte et la Mésopotamie. La ville prospère se développe, construit des résidences monumentales pour la bourgeoisie et des temples impressionnants, surtout celui de la déesse Hathor ou Baalat-Gebal, la Dame de Byblos. À travers le portail, je vois encore les six colonnes toujours debout de cet ancien monument. Des invasions successives vont ensuite déstabiliser la ville. Elle vit sous l’emprise des Hittites jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Ramsès II (1290 – 1224 avant JC), qui conclue un traité de paix avec les Hittites. C’est durant cette période qu’apparaissent les premiers documents utilisant l’écriture alphabétique proprement phénicienne, dotée de vingt-deux signes. Sur la droit, colonnades, rempart et de nombreuses ruines romaines témoignent de leur présence de 63 av JC à 330 ap JC. Enfin, face à nous, s’impose l’immense château des Croisés, 1108 ap JC. Nous nous dirigeons ensuite vers le cœur de la vieille ville, magasins de bibelots côtoient de minuscules chapelles et mosquées toutes plus anciennes les unes que les autres. On discute avec des libanais qui nous laissent regarder l’intérieur d’une mosquée vieille de plus de 1000 ans. Byblos, c’est tout ça, une histoire de rencontres des peuples et de leurs croyances, une ambiance très sereine… Le soir, je suis invité chez Hassan pour regarder à la télévision l’élection de Miss Lebanon avec trois de ses amis : Ali, rencontré la veille, Mohamed (alias Moody), ancien collègue et Rana, Druze. J’établis un contact super facile avec eux, d’une grande gentillesse, nous papotons en anglais du boulot, de tout et de rien. Rana a grandi en Angleterre et se destinait à une carrière de journaliste mais elle a préféré retourner vivre au Liban. Les paris quant à la gagnante vont bon train et à la fin du show, j’ai droit par Ali à une lecture divinatoire du mare de mon café. En bref,  il me dit que j’aurai deux entretiens, l’un en face à face et un second entouré de beaucoup de gens. Puis, il me demande poser mon pouce à l’intérieur de la tasse et de poser en même temps une question dans ma tête. Naturellement, Ali me donne la réponse, ne me demandez pas comment…

RabbA

Publié dans Around The World

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article