Ambient d'hier à demain

Publié le par RabbA

Vous avez sous vos yeux l’inventeur de l’ambient, rien que ça. Brian Eno mériterait plus qu’un simple paragraphe tellement sa carrière non terminée recèle de trésors musicaux. Brian Peter George St John le Baptiste de la Salle Eno est né le 15 mai 1948, à Woolbridge, en Grande-Bretagne. En 1975, un grave accident de voiture le cloue au lit pendant des mois. Immobile, incapable de monter le volume de sa chaîne hi-fi, il découvre le fabuleux potentiel de la superposition des sons à cause de la pluie se mêlant à la musique qu’il écoute. Remis sur pieds, il fait ses débuts au synthé dans le groupe Roxy Music et produit un premier album solo ("Here Comes The Warm Jets"). Cette même année 75, son deuxième opus, "Discreet Music" sort dans les bacs, une œuvre minimaliste aux atmosphères planantes et sombres : l’Ambient est né. Jusqu’à aujourd’hui, il continue de perfectionner ce style musical unique, citons quelques opus : en 1978, "Music For Films" et "Ambient : 1, Music for Airport", puis, "Ambient 2 : The Plateaux of Mirror" (1980), l’album Apollo : "Atmospheres and Soundtracks" en 1983 et "Thursday Afternoon", l’année suivante. En collaborateur ou/et producteur avec de grands artistes (Genesis, David Bowie, Talking Heads, U2, Peter Gabriel), Brian Eno a participé à l’évolution du traitement du son dans la pop, genre musical qu’il a toujours exploité dans plusieurs compos solos (entre autres : "Before And After Science" et "My Life in the Bush of Ghost"). Son dernier opus sorti en 2005, "Another Day On Earth", mélange avec fierté échantillons psychédéliques, pop, glam rock et lyriques intelligents. Pour découvrir 33 années de créations et de productions, rendez vous sur son site officiel, www.enoweb.co.uk

Certains surnomment Aphex Twin, Mac Mozart. Ils l’adulent, quand d’autres le détestent, critiquant la complexité inaccessible de sa musique. En tout cas, il est l’un des plus renommés bidouilleur de sons de notre époque. Son style underground reste inclassable, hardcore, ambient, jungle, drum’N’bass. Richard D. James n’en fait qu’à sa tête. Dès gamin, il joue directement sur les cordes du piano de ses parents plutôt que sur les touches. Il sort son premier titre, "Analogue Bubblebath", au début des années 90, franc succès, autant que les suivants, "Polynomial-C" et "Didgeridoo", de puissants beats jungle accompagnés de waves planantes (disponibles sur Classics – 1995). Il signe alors avec le label Warp et deux compilations de ses titres d’ambient se retrouvent dans les bacs : "Selected Ambient Works 85-92" et "Selected Ambient Works Volume 2", en 1994. Elles rassemblent de fabuleux titres inspirés, paraît-il, de ses rêves. Le second volume est encensé par la critique et les pistes Rhubarb et Blue Calx sont encore aujourd’hui utilisées à de nombreuses occasions à la télévision ou au cinéma (le film Traffic). Aujourd’hui vivant  dans une belle résidence en Cornouailles, l’artiste s’éloigne de plus en plus de l’ambient relaxante et ses dernières compositions déçoivent les amateurs du genre, musique violente, déstructurée, saturée, limite schyzophrénique. L’album, "I Care Because You Do", pondu en 1995, et l’EP, "Come To Daddy", deux ans plus tard, sont les derniers de la liste à avoir remporté un certain succès auprès de la critique. Pour les amateurs d’ambient, restons donc sur les compils’ Selected Ambient Works, à découvrir absolument. www.drukqs.net

L’allemand Pete Namlook (Pete Kuhlmann de son vrai nom) est certes moins connu du grand public que ses prédécesseurs, et pourtant, il fait partie de la catégorie des dinosaures de l’ambient. Artiste le plus prolifique dans les années 90, Pete réalise durant cette décennie plus de 200 albums dont la qualité moyenne n’est pas toujours au top. Convertit en DJ en 1991, il sort à l’occasion de la fondation de son label, Fax, le single, "True Colours", plutôt un succès. Pete part en quête de nouveaux talents qu’il va produire à la vitesse d’un fax, justement. Il en profite aussi pour sortir le premier numéro de la longue série des compilations "Silence". Un conseil, pour goûter un échantillon de qualité, la compilation "A View To Chill" semble la plus appropriée. Beaucoup retiennent surtout ses collaborations fructueuses avec des artistes de renom. Ces albums méritent une grande attention : d’abord "From Within", élaboré avec le talentueux Richie Hawtin. Biosphere, alias Geir Jenssen (voir ci-dessous) construit avec Pete en 1994 et en 2000, "The Fires of Orks 1 et 2". Mais la palme d’or revient aux 10 compilations composées avec l’artiste Klaus Schulze, "The Dark Side Of The Moog". Les deux compères ont eut la brillante idée de combiner les vieux synthétiseurs analogiques avec des sonorités électros plus actuelle, le tout, bien sur, en hommage à leurs travaux respectifs depuis les années 70 et au groupe Pink Floyd. Le 8ème et dernier épisode dans les bacs le 21 mars 2005 s’est bouclé par la mise en vente du vieux synthétiseur Big Moog de Pete. Fin d’une grande histoire d’amour, fin d’une époque…

Contrairement à d’autres, Geir Jenssen, alias Biosphere, déstabilise ses fans en réussissant à toujours garder une longueur d’avance sur ses collègues. Réfugié, voir planqué en Norvège, à Tromson, tout près du Cercle Polaire, l’artiste a démarré sa carrière en 1983 dans le groupe Bel Canto. Mais Geir est sauvage, il fuit le groupe et le succès en se rebaptisant Biosphere après un court passage sous le pseudo Bleep. Solitaire invétéré, il s’accordera dans le futur quelques collaborations avec différents artistes. D’un point de vue personnel, ses œuvres solos dégagent quelque chose, comme un plongeon magique dans l’essence même de la nature, de la Terre. Premier album en 1991, "Microgravity" révèle une intimité fracassante avec un univers microcosmique, très lyrique. Avec les opus suivants, "Polar Sequences" en 1996 et, surtout, "Substrata", en 1997, les critiques commencent à parler de ce son arctique, évoquant les déserts de glace, balayé par les vents polaires. Pour l’anecdote, l’album "Cirque", sorti 3 ans plus tard, possède un obscurantisme et des rythmiques étrangères à l’artiste. En réalité, il fait référence à l’histoire dramatique de Chris Mac Candless, devenu fou après s’être perdu lors d’une expédition à pieds dans l’Alaska. 2002 marque l’arrivée de "Shenzou", un opus dont deux titres, "Shenzou" et "Green Reflections" samplent des arrangements musicaux du compositeur, Claude Debussy. L’album est un bijou de contemplation relaxante, l’un des meilleurs, plus intimiste que jamais et toujours plus éloignée de l'urbanisme polluant. L’isolement inspire… 23 années après Bel Canto, Geisser revient avec son dernier bébé, Dropsonde, et là nous disons stop ! Trop c’est trop, encore une réussite fracassante, à 44 ans, l’artiste nous entraîne dans des univers inexplorés. La piste "Birds Fly By Flapping Their Wings" contient des bruits d’oiseaux enregistrés au Camp de Cho Oyu, au Tibet. "From a Solid to a Liquid" change la pluie en glace et "Sheerbroke" est un hypnotique morceau planant. Enfin, "In Triple Time", "Arafura" et "Fall In Fall Out" utilisent des rythmiques de jazz. Le magicien de l’Arctique promet de belles réussites dans le futur. Visitez son site Internet : www.biosphere.no.

La jeunesse était attendue au tournant, elle arrive en 1996 sous le nom obscur d’Asura. Deux Lyonnais, Charles Farewell (en bas à gauche) et Vincent Villuis (compositeur, arrangeur et DJ, en bas à droite), passionnés de musiques du monde, de trip-hop et d’ambient. Viendra ensuite Christopher Maze (en haut à gauche), au piano, dès l’année 1998. Villuis fonde en 2000 le label Ultimae Records et les trois compères en profitent pour sortir leur premier album : "Code Eternity" aux sonorités déjà uniques et affirmées. Plus que de l’ambient, évoquons une morning trance aux rythmes lancinants ou percutants, assez graves, accompagnés de waves planantes, progressives et de mélodies acides. Le chill out, quelques peu malmené par les multiples compilations médiocres envahissant les bacs, retrouve une seconde jeunesse, plus authentique. En même temps, Vincent Villuis produit "Farenheit Project Part 1" et part se concentrer sur un nouveau projet solo sous le pseudo d’Aes Dana. Un nouveau membre, Alex Ackerman (bassiste, en haut à droite), rejoint le groupe en plein travail. La reconnaissance pour ce nouveau trio tombera en 2004 lorsque leur second album, "Lost Eden", est remarqué par le label Dutchi Records et distribué avec succès aux Etats-Unis. Une œuvre d’une très grande qualité, un chill-out aérien riche en sonorités nouvelles.  Une réelle harmonie se dégage de cet ensemble au rythme progressif, croisant l’ambient, la world music, le down tempo, la morning trance, vibrant du passé, du présent et du futur, intégrant à une base électro, des échantillons musicaux et vocaux du monde entier. Vincent Villuis, alias Aes Dana, continue les "Farenheit Project" (le 6ème est sorti en 2005), a déjà composé 3 albums : "Memory Shell", "Season 5" et "Aftermath" et a produit deux compilations efficaces : "Mountain High" et "Albedo". Par contre, depuis Juillet 2005, d’après le site officiel (www.asura-music.com), Asura n'est plus composé que de Charles Farewell. Toutes les infos et même plus sont disponibles sur le site du label d’Ultimae : www.ultimae.com.

RabbA

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R
Salut, merci pour ton commentaire, effectivement, les Kraftwerk sont de sacrés précurseurs, plus en techno. Au niveau ambient, il y a aussi Tangerine Dream et les Floyd.<br /> See u <br /> Fabien
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D
Bien l'article sur les grands papes de l'ambient, une musique qui me berçe l'âme si souvent. L'album de Eno avec les Talking Heads est une merveille que je réécoute plus qu'à l'occasion. See U<br />  <br /> P.S : et Kraftwerk dans le genre précurseurs et bidouilleurs de génie, ils sont pas mal aussi... Non ?
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