Tarnation

Publié le par RabbA

Où est la réalité ? Il y aurait tellement d’idées et d’informations à écrire sur cet auto-portrait qu’il est impossible, voir réducteur, de résumer cette œuvre en un article. Un long-métrage qui n’aurait peut-être jamais vu le jour. Jonathan Caouette, le réalisateur et monteur, vit tranquillement aujourd’hui à New York avec son copain, quand sa mère se retrouve hospitalisée après une overdose de lithium. Il retourne à ses côtés au Texas et les souvenirs de son enfance refont surface, ces images du passé sur vidéo.

Jonathan a filmé 20 ans de son existence, de 11 à 31 ans et a passé son temps à se cacher derrière sa caméra, pour mieux décrire sa relation chaotique avec sa mère, Renée, maniaco-dépressive, rescapée des asiles primitifs du Texas des années 60, où les électrochocs faisaient fureur. Il récupère ses deux décennies d’images (1349) VHS, Betamax et 16 mm, compilées en 1h30, sélectionne sa bande originale parmi ses 2046 CD et disques, et concoctent un film : Tarnation, la contraction, en argot texan, de "eternal" et "damnation".

L’enfer pour ce gosse qui grandit dans des foyers et chez ses grands-parents pendant que sa mère passe le plus clair de son temps en hôpital psychiatrique (le père étant parti à la naissance). Au fur et à mesure du temps qui passe, nous découvrons un Jonathan victime lui aussi de troubles de dépersonnalisation, ne sachant pas si ce qu’il vit est réel ou rêvé. D’où une teinte psychédélique à ce documentaire primé au festival de film de Los Angeles et nominé en sélection officielle des festivals de Cannes, de Toronto, de Sundance, de New York et de Chicago.

Cette aventure intérieure, bourrée de sensibilité, nous fait découvrir un môme qui s’attache au cinéma underground, à la comédie musicale et à la culture gay. Il ne veut vraiment pas vous laisser indifférent. Puis, Jonathan se découvre très tôt homosexuel, mais, comme l’écrit Gérard Lefort, dans Libération : "…il y aurait beaucoup de misère à tirer Tarnation du seul côté du film à pédé douloureux (l'homosexualité n'y étant qu'un trou de mythe en plus) et encore plus d'infamie à l'engloutir dans la seule dépression..." Ce documentaire dépasse la simple thématique et développe une idée universelle de la vie. Gus Van Sant, le producteur exécutif de ce documentaire, n’est pas étranger à l’univers de Tarnation. Pour Jonathan Caouette : "J'ai découvert le travail de Gus Van Sant avec My Ownw Private Idaho. J'étais fasciné par le fait que quelqu'un se soit penché sur cette jeune culture gay des rues dont, en fait, je faisais partie(…)Voir ces très beaux ados à problèmes qui se trouvaient être homo, mais sans que ce soit au cœur de leur identité, me parlait énormément."

Voilà donc un documentaire sur l’amour d’un fils pour sa mère, "sur la jeunesse, l’art, la sexualité, la maladie mentale, l’Amérique et la survie", que demander de plus ? C’est déjà trop…
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RabbA

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