Le manque d'eau tue !

Publié le par RabbA

L’eau, l’élément vital constituant 65 % de notre corps et 70 % de la surface de la Terre, pourrait dans 20 ans, manquer à 4 milliards d’individus. C'est-à-dire, que la moitié de la population mondiale aurait difficilement accès aux services sanitaires, donc, à une eau potable pour l’hygiène, à une eau pour les égouts et pour le nettoyage. C’est une étude du Conseil mondial de l’eau publiée à Mexico en mars 2003, qui tire la sonnette d’alarme. Le IVème Forum Mondial de l’Eau qui se tiendra en 2006 à Mexico fera le point sur la situation sur les mesures prises et à envisager.

 

 

4 milliards de Terriens n’auront pas ou peu accès à l’eau potable. Ce drame pour les générations suivantes ne réside pas dans la quantité mais dans une mauvaise gestion de l’environnement, une pression humaine via des activités exercées sur des écosystèmes souvent fragiles : l’augmentation des terres cultivées, le développement d’infrastructures (barrages, digues…) détruisant l’intégrité d’un site, la surexploitation de la faune et de la flore (pêche), l’introduction d’espèces concurrentes dans un même environnement et, bien sur, le rejet de polluants sur les sols, dans l'air et dans l'eau sont bien des exemples d’utilisation inadéquate de l’environnement et de l’eau. Chaque jour, 2 millions de tonnes de matières de vidange sont évacuées dans des cours d’eau et certains écosystèmes ont été modifiés de façon irréversible. D’après le Rapport mondial pour la mise en valeur des ressources en eau (*), depuis 1900, 50 % des zones humides du monde ont disparu, en 1998, 40 % des cours d’eau aux Etats-Unis ont été considérés comme impropres aux activités de loisirset, la même année, la mer d’Aral a perdu 75 % de son volume total (à cause d’une dérivation des deux principaux fleuves qui l’alimentaient). L’impact sur les espèces animales est désastreux : entre 34 et 80 espèces de poissons ont disparu depuis un siècle, sans compter la menace qui pèse sur 24 % des mammifères et 12 % des oiseaux.

 

L’espèce humaine n’est pas en reste. Aujourd’hui, d’après un rapport de l’ONU, plus d’1,1 milliard de personnes n’ont pas d’accès à l’eau potable et plus de 2 millions et demi vivent sans toilettes et sans égouts. Quand l’eau vous tue avant 5 ans. Chaque jour, 6000 enfants meurent de diarrhées consécutives à un manque d’eau potable, d’hygiène et de services d’assainissements adéquats (bien plus qu’en temps de guerre). Comble de l’horreur, l’état déplorable ou inexistant des structures sanitaires en Afrique et en Asie favorise la prolifération de parasites et d’infections parfois mortelles. Ils sont 88 millions d’enfants, chaque année, à être infestés de schistosomiase, une maladie due à un ver présent dans les canaux d'irrigation, les eaux stagnantes des cours d'eau, et, le paludisme, véhiculés par les moustiques, tue un million de personnes par an (90 % des décès en Afrique sub-saharienne). D’après le même rapport évoqué ci-dessus (*), un enfant né dans un pays développé consomme 30 à 50 fois plus qu’un enfant né dans un pays en voie de développement. Seulement un quart des africains ont aujourd’hui accès à l’eau courante, et si rien ne change, c’est 4 milliards de personnes qui souffriront et/ou mourront des suites de manque d’eau potable. Sans elle, pas de sécurité alimentaire, malnutrition, problème de santé et, par conséquent, le développement économique et social du pays est touché en profondeur.

 

 

C’est pour répondre à ces vives inquiétudes qu’a été créé le Forum Mondial de l’Eau ( le 1er s’est déroulé à Marrakech, en 1997).Le rapport mondial pour la mise en valeur des ressources en eau a germé dès la troisième édition de ce forum, à Kyoto, au Japon, en l’an 2000. La même année où la communauté internationale à l’occasion du sommet du millénaire, à l’ONU, s’est engagée de réduire de moitié, d’ici 2015, la proportion de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable ou qui n’ont pas les moyens de s’en procurer et de mettre en place des stratégies permettant un approvisionnement en eau équitable et adéquat. L’urgence se situe au niveau de la Corée du Nord, de l’Afghanistan, du Bangladesh, du Népal, de l’Ethiopie, de l’Inde, du Yémen, du Cambodge, du Burundi et de l’Erythrée et, déjà, en février dernier, un haut dignitaire de l’ONU a déclaré que plusieurs pays avaient pris du retard pour l’échéance de 2015. En 2006, la 4ème édition du Forum regroupera 15000 délégués à travers le monde, l’occasion d’être au cœur d’une "véritable plate-forme multisectorielle où se réunissent les secteurs public et privé, les professionnels et les politiques". Si rien n'est fait, la moitié de l'humanité subira une misère profonde.

 

 

RabbA

 

(*) Extrait du Rapport mondial pour la mise en valeur des ressources en eau (WWDR). UICN (Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles). 2000. 'Vision pour l'eau et la nature'. Dans: Stratégie mondiale de conservation et de gestion durable des ressources en eau au XXIe siècle. Gland et Cambridge.

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Around The World

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article